#ChallengeAZ - E comme ECOUTEUSE des TREPASSES

Dans le Vannetais, les paysans et les pêcheurs gardent aux défunts un souvenir d’autant plus inaltérable que personne ne peut croire à la mort définitive.

Il est admis que les trépassés reviennent, qu’ils évoluent parmi les travaux de leurs descendants, qu’ils se promènent dans les maisons, en un mot qu’ils vivent d’une existence mystérieuse et certaine. 

Cette croyance influe sur les décisions des vivants qui n’oseraient rien entreprendre qu’ils ne croient approuvé de leurs ancêtres. Il faut donc les consulter, leur demander conseil.

Il existe dans les hameaux de pieuses pauvresses dont l’exode de chaumine en ferme n’est qu’une perpétuelle patenôtre et qui ont conquis par leur vertu et par une particularité étrange de leur enfance, un singulier pouvoir : celui d’écouter les morts.

Seules les personnes qui ont été exposées dans un cimetière à leur naissance avant d’avoir été baptisées sauront entendre les défunts.

La vieille Jeanne Melec (en photographie) jouit de cette précieuse faveur, et il n’est pas de semaine ou l’un ou l’autre des fermiers du pays ne lui demande d’aller sur la tombe de son père ou de sa mère, interroger sur ce qu’il doit entreprendre ou décider.

Et la vieille « écouteuse », sa commission accomplie dit invariablement au fils anxieux ; « ils ont dit qu’ils étaient contents ». Le cultivateur satisfait remettra son aumône à Jeanne Melec.

Une autre, Corentine Le Clech, écouteuse de trépassés depuis plus de trente ans, qui venait de  doubler le cap de la 87ème année, a été trouvée rigide dans le cimetière d’un village voisin de Ploërmel. Elle était morte dans son champ d’expériences,  emportant dans l’au-delà le respect que les habitants de cette région attachent à la fonction de confidente des morts. 

Sources textes et photos – « Bretagne Insolite au début du siècle » par Marie-France Motrot Editions « L’Ancre Marine ». « L’Écho du merveilleux. » Paris, 1913.