Charles LEMESRE voit le jour le 17 juillet
1878 à 5 heures du matin à Lille.
Il est le fils de Charles Joseph LEMESRE,
menuisier, alors âgé de 33 ans, et d’Euphémie DENNEULIN son épouse, âgée de 27
ans, tous deux domiciliés à LILLE 51 rue des Rogations.
Charles et Euphémie ont déjà un fils Ernest
Clément né à
Lille le 9/7/1876
Le 51 rue des Rogations à LILLE semble être
devenu un stade.

LILLE en 1878
Charles grandit et devient zingueur,
Charles a les cheveux, les yeux et sourcils
châtains, le front ordinaire, un petit nez, une bouche assez grande, un menton
rond, un visage ovale. Il mesure 1,62m.
Il part pour le service militaire le 14
novembre 1899, il est immatriculé sous le numéro 2048, soldat de 2ème
classe, il est affecté au 147ème régiment d’Infanterie.
Il passe soldat de 1ère classe le
28 juillet 1900.
En septembre 1901, son régiment (sous le commandement
du Colonel Franclieu) participe aux « grandes manœuvres » dans la
région de Reims, en présence du Tsar de Russie, avec la 24ème
brigade du général Trémeau, le 18ème BCP (commandant Famechon, et le
148ème régiment d’infanterie (Colonel Canton).
Les
grandes manœuvres annuelles sont l'occasion de réaliser la reconstitution d'un
affrontement militaire entre deux partis, d'abord entre divisions, puis corps
d'armée et enfin deux petites armées provisoires, nommées « armée A »
et « armée B ». Les troupes commencent leur concentration le 8
septembre dans le Nord-Est de la France. La direction des manœuvres était
effectuée par la général Joseph Brugère avec Jean Pendezec comme chef
d'état-major et Lacroix comme sous-chef. Les arbitres étaient les généraux
Oscar de Négrier, Ludovic Lucas, Bernard Tisseyre, Tournier, Raoul Donop et
Jean Dessirier.
Le
thème est d'abord des manœuvres division contre division dès le 10 septembre,
en parallèle la 40e division contre le 20e corps
d'armée. À partir du 13 septembre, manœuvre de l'armée A contre la B jusqu'au
18 avec le 14 comme journée de repos. Le 19 septembre, les armées A et B
réunies attaquent le camp retranché de Reims défendu par la 12e division
autour du fort de Witry. Le 21, une parade est organisée au camp de Bétheny
avant la dislocation. Le quartier général était à Rethel avant de partir pour
Reims le 16 septembre, les ordres généraux étaient donnés par un signal
accroché à un ballon pour le début et la fin des exercices.
Après avoir battu la campagne entre
Charleville et Reims, les troupes convergèrent pour la fête de l'alliance le 21
septembre devant le tsar à Bétheny.
Sur son registre matricule, il est précisé
que Charles a été autorisé à accepter et à porter la médaille d’argent
sur rubans de Saint Stanislas de Russie.
Dans des discussions que j’ai eues avec des
internautes sur le forum de « pages14-18 », il m’a été précisé
- qu’en signe de bonnes
relations entre alliés, de temps à autres, le Tsar de Russie donnait aux
Autorités Françaises quelques poignées de décorations à distribuer aux soldats
français méritants, à charge aux Chefs de corps de les attribuer à qui bon leur
semble.
- Ou que le tsar aurait visité des troupes françaises (?). En tous
cas lors de visites d'officiels alliés très souvent il y avait des passages de
revues de régiments et des récompenses étaient distribuées à cette occasion
Il est renvoyé dans la disponibilité le 20
septembre 1902. Certificat de bonne conduite accordé.
Charles passe dans la réserve de l’armée
active le 1er novembre 1902
Sur les registres matricules, on lit très
souvent une mention « Degré d’instruction »
« - générale »
« - militaire »
Il est inscrit dans les registres matricules sous
forme de code, composé d'un chiffre entre 0 et 5.
0 : ne sait ni lire ni écrire
1 : sait lire seulement
2 : sait lire et écrire
3 : possède une instruction primaire plus développé
4 : a obtenu le brevet de l'enseignement primaire
5 : bachelier, licencié, etc. (avec indication de
diplôme)
X : dont on n'a pas pu vérifier l'instruction.
Celui indiqué pour Charles sur son registre
matricule est
- Instruction
militaire ; exercé
Il savait donc lire et écrire.
Il s’unit le 22 octobre 1904 à Lille avec
Anna Matont, Etaleuse, (née à LILLE le
25 septembre 1878)
Charles est alors âgé de 26 ans
De cette union, naîtront
- Alfred LEMESRE né le
4 mai 1905 à LILLE
- Marcel LEMESRE né le
23 octobre 1911 à LILLE
Entre la naissance de ses deux fils, Charles
accompli une période d’exercices dans le 43ème régiment d’infanterie
du 20 aout au 16 septembre 1906, et une deuxième période d’exercices dans le
132ème régiment d’infanterie du 3 au 19 mai 1909.
En mai 1911, il demeure avec sa famille à
LILLE 93 rue Gantois, soit à quelques mètres du 71 rue de Wazemmes, où il
habitait avant de se marier.
La France entre en guerre.
Le 28 juin 1914, l’Archiduc d’Autriche
François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo en Bosnie.
Le 2 aout 1914, la France mobilise et
rappelle ses réservistes
Comme beaucoup d’autres, Charles est rappelé
sous les drapeaux le 3 aout 1914, ainsi que son frère Ernest.
Charles et Ernest
Il est affecté au 2ème régiment
territorial d’infanterie.
Le 2ème régiment d’infanterie
territoriale fait partie des troupes de la défense du camp retranché de
Maubeuge, sous les ordres du Général Fournier, Gouverneur.
Mobilisé le 3 août 1914 à Valenciennes et à
Condé sur Escaut, il est transporté dans la nuit du 4 au 5 à Maubeuge, à
l’effectif de 4192 hommes – 4 bataillons répartis.
La Bataille de Maubeuge
en quelques photos
Tirs d’artillerie
Après la bataille
Nous sommes le 25 août 1914, l’avancée
allemande en Belgique se poursuit. Les alliés se replient, le 27 août, plus de
40 000 soldats allemands encerclent la place. Le 7 septembre le drapeau blanc est hissé, le
8, la reddition est officielle.
De longues colonnes de soldats français
sortent de Maubeuge, sans armes, défilant devant les allemands. Certains se
retournent pour apercevoir une dernière fois la ville qu’ils n’ont pu
sauver.
Ils continuent leurs marches vers le nord,
vers la Belgique, vers les prisons allemandes qui vont se refermer sur eux
durant plus de quatre années.
Le
camp de FRIEDRICHSFELD
Le camp de
Friedrichsfeld était en Rhénanie du Nord, à proximité des
villes de Duisbourg et Cologne ainsi qu'à proximité de la frontière entre
l'Allemagne et les Pays-Bas. Il disposait d'un Lazarett (hôpital militaire) et
d'une chapelle
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Camp de
Friedrichsfeld: Epluchage de pommes de terre dans la cour de l'hôpital
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Camp de
Friedrichsfeld: Intérieur d'une baraque servant de Lazarett
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Des prisonniers français au camp de Friedrichsfeld
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Camp de
Friedrichsfeld: La chapelle
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L'espace occupé par les prisonniers comprend
une superficie de 25 hectares entourée d'une triple rangée de fils de fer
barbelés. Des baraquements en planches, construits par les prisonniers
eux-mêmes, comptent en mai 1915 pas moins de 20 000 hommes dont 16000 français,
3000 russes, 500 belges, 300 anglais.
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Extrait de Nouvelles
de France (1916)
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Des prisonniers dans le camp de Friedrichsfeld
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Charles a été fait prisonnier le 8 septembre
1914, et a séjourné aux camps de Friedrichsfeld, de Senne, puis à Münster.
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L'argent du camp
Changement
de camp
Le
camp de Munster

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Liste de prisonniers au camp de Münster
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Le block n°1 de Münster |
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Le block n°2 de Münster I
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Le block n°3 de Münster I
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Le block n°4 de Münster I
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Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1917, le Block
II du camp I de Munster est incendié. Les prisonniers qui y avaient été
relégués sont alors envoyés soit au camp de Senne, soit au camp II de Münster
où le block III leur est attribué.
En
octobre 1915, les prisonniers sont répartis dans 4 baraquements (appelés
blocks). Ils forment chacun un rectangle en pleine campagne. Les dits
baraquements sont décrits comme étant en planches à double cloison et éclairés
à l’électricité. Les hommes disposent d’une paillasse et de deux couvertures,
de lavabos ainsi que de bains-douches. Les chambres sont chauffées par des poêles.
Chaque block dispose également d’une infirmerie dont le service est assuré par
un infirmier français. Si un malade est gravement atteint, il est transporté
dans un lazaret qui se trouve à l’extérieur du camp. Plusieurs aumôniers se
trouvent à Munster II. Il y avait également un séminaire où des prêtres
allemands et français donnaient des cours pour permettre à des séminaristes prisonniers,
sous certaines conditions, de continuer leurs études.
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Le retour des corvées à Münster II
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La cour de l'hôpital de Münster I
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A
partir du mois de mars 1917, les représentations théâtrales au camp de Münster
II sont suspendues. L'Exilé
(Organe des Prisonniers du camp d'Hammelburg) précise qu'elles
sont remplacées par des conférences payantes (5 à 10 pfenning, pour les
nécessiteux, l'entrée est gratuite). La recette est versée au fond de secours
du camp.
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Représentation théâtrale à Münster II
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Charles et Anna correspondent pendant ces
années de captivité, ainsi qu’en témoignent les documents ci-après,
Toute
correspondance était passée à la censure allemande et la correspondance des
prisonniers était confiée à la Croix Rouge.
Pendant ce temps, à LILLE, Anna et ses
enfants survivent tant bien que mal.
La situation
militaire de Lille, au mois d’août 1914, est relativement compliquée. Début
août, la ville de Lille est déclarée « ville ouverte » et est déclassée par le
gouvernement. Cela signifie que la ville ne fait pas partie du système de
défense de l’armée française et qu'elle ne sera pas défendue en cas d'attaque.
Cependant plusieurs
ordres contradictoires vont être donnés. Les autorités militaires locales
reçoivent finalement l'ordre d'évacuer la ville en urgence fin août.
Les premières unités allemandes pénètrent en ville au début du mois de
septembre.
Des affiches sont
placardées partout dans Lille pour informer la population. Les nouvelles règles
sont établies et publiées. Les soldats allemands défilent en ville et occupent
les bâtiments publics.
Finalement, après
trois jours passés à Lille entre les 2 et 5 septembre, les Allemands quittent
la ville, non sans avoir réquisitionné une grande partie des vivres conservés
dans les magasins généraux. L'armée allemande est en difficulté dans la Marne
et a besoin de tous les renforts disponibles.

Les rues de Paris, de la gare, du Molinel, la rue et
la place de Béthune sont particulièrement touchées. Curieusement la gare
elle-même qui pouvait constituer un enjeu stratégique n’est pas ou peu touchée.
Le bombardement fait de Lille l’une des grandes villes
les plus touchées par les destructions après Reims. Certes, la cité est loin
d’être détruite entièrement comme c’est le cas pour Arras ou à une échelle plus
petite, Bailleul.
La ville est prise par l’infanterie bavaroise
début octobre. Pendant ce temps, le front se stabilise sur une ligne allant
d’Arras à Armentières avant de se prolonger en Belgique. Ces positions ne
varieront plus guère, coupant la région en deux pour quatre ans. Occupant les
deux tiers du Nord et le quart du Pas de Calais, les allemands dont distillé la
terreur lors de leur arrivée. Leur long séjour sera marqué par des pillages,
des réquisitions de mains d’œuvre pour du travail forcé, des déportations, des
exécutions.
La carte d’identité est rendue obligatoire le 1er
septembre 1915. Elle doit être présentée à toutes les réquisitions sous peine
d’une amende de 30 marks. Avec le couvre-feu et les laissez-passer, la carte
d’identité fait partie des mesures de contrôle strictes de la population.
La correspondance est surveillée. Elle est très
difficile avec la France. Pour envoyer ou recevoir des nouvelles des proches,
il faut que le courrier transite par la Suisse pour pouvoir arriver.
Dès les débuts de la guerre, les réquisitions ont
concerné les logements, l’industrie et les matières premières : lin, chanvre,
jute, coton, laine des matelas… Beaucoup de machines ont été détruites. Les
Allemands prélèvent le cuivre.
La mobilisation
en masse prive l’industrie de guerre allemande de main d’œuvre. Si une partie
des troupes sont démobilisées, la pénurie de main d’œuvre persiste. Les
autorités allemandes tentent de recruter de la main d’œuvre dans les
territoires occupés.
Un appel en ce sens du gouverneur réunit 18 volontaires.
Dès lors les
autorités militaires décident de réquisitionner hommes et femmes par la force.
Pendant la semaine tragique, du 22 avril au 29 avril 1916, 10 500 personnes
dont 2/3 de femmes et de jeunes filles, sont ainsi transportées dans des wagons
à bestiaux pour travailler pour les Allemands dans l’Aisne et dans les
Ardennes. Les conditions de vie et de travail de ces déportés sont
particulièrement pénibles. Confrontées à de nombreuses difficultés (la mort de
157 personnes), les autorités allemandes décident de faire revenir
progressivement les personnes contraintes au travail forcé.
Le 3 octobre 1916, les autorités militaires
promulguent une nouvelle ordonnance qui impose de travailler pour les Allemands
à toute personne en âge de le faire. Les travailleurs volontaires portent un
brassard blanc ; les autres un brassard rouge.
100 000 hommes environ sont ainsi contraints de
travailler pour les Allemands, dans des conditions de vie extrêmement
difficiles.
Les communes en
zone occupée sont rapidement contraintes d’émettre des monnaies de nécessité.
Elles doivent en effet faire face à des dépenses considérables : payer les
amendes et des impositions, payer les fonctionnaires qu’ils soient municipaux
ou qu’ils dépendent de l’Etat. Il faut assurer les secours et en priorité
nourrir les populations.
Aussi les communes comme Lille décident-elles
d’émettre des bons communaux remboursables à la fin de la guerre.
Les difficultés d’approvisionnement sont considérables.
Le charbon sert au chauffage et à la cuisine. Les quantités sont suffisantes
jusqu’en 1916. Après 1916 apparaissent les difficultés les plus importantes.
Les populations manquent de vêtements dont les
matières premières ont été réquisitionnées.
Mais les difficultés les plus importantes concernent
l’alimentation. Le Comité d’Alimentation du Nord de la France (C.A.N.F.),
affilié à la Commission for Relief in Belgium (C.R.B.) créée par
l’ambassadeur d’Espagne à Bruxelles, et par le futur président des Etats-Unis,
Herbert Hoover, essaie de subvenir aux besoins essentiels des populations en
zone occupée.
Le nombre de calories fourni par l’aide alimentaire ne
dépasse pas 1400 calories par jour. La ration alimentaire est de 1800 calories
en 1915, 1340 en 1917 et 1600 en 1918. La population souffre de
sous-alimentation, malgré les efforts des autorités pour diffuser des recettes
simples et nourrissantes, pour ouvrir des restaurants de suralimentation ou
pour faire chauffer des fourneaux économiques.
Quatre ans plus tard, le 11 novembre 1918,
l’armistice est signé entre Français et Allemands. Une clause du traité stipule
que les prisonniers de guerre doivent être rapatriés immédiatement.
Il y a autour de 500 000 prisonniers à
rapatrier par mer, ou par voie ferrée.
Les prisonniers détenus dans le sud de l’Allemagne rentrent en France à bord de trains, via la Suisse ou
l’Italie, ceux d’Allemagne septentrionale et centrale sont regroupés le long
des fleuves puis transportés par bateaux, d’autres encore rentrent à pied en
passant par la zone des Armées. Tout est terminé en 1919.
A leur retour, les prisonniers sont très vite
confrontés à l’héroïsation du « Poilu des Tranchées » qui a défendu
la patrie au péril de sa vie, alors qu’eux étaient détenus en Allemagne après
avoir été capturés dans des conditions que beaucoup considèrent alors comme
suspectes.
Pour les soldats faits prisonniers à Maubeuge
en septembre 14, la comparaison qui est faite avec la capitulation du Maréchal
Bazaine à Metz, le 27 octobre 1870, lors de la guerre franco prussienne, est
assurément un fardeau lourd à porter.
Le retour dans la mère patrie réserve à nos
prisonniers une bien mauvaise surprise puisqu’ils sont dirigés vers des camps
militaires afin d’y épuiser un congé de fin de campagne dont ils ne comprennent
pas la finalité.
Cantonnés dans des casernements souvent en
mauvais état, désœuvrés, ils attendent plusieurs semaines avant d’être
interrogés sur leur temps de captivité.
Charles est rapatrié le 23 décembre 1918,
mais n’est démobilisé que le 24 Mars 1919. Enfin libre de ses mouvements il
peut rejoindre son foyer ou l’attendent Anna et ses deux fils Alfred né en 1905
et Marcel né en 1911.
En aout 1919,
Charles habite avec sa famille au 3 rue Albert Samain à LILLE
Le 13 novembre 1921, Charles habite la même
rue mais au 14.

Charles décédera à ARMENTIERES le 20 Janvier
1962
Des milliers de Poilus on donné leur vie pour
la patrie, d’autres leurs jambes leurs bras, leur visage.
Les prisonniers, eux, s’ils ne sont pas des
déserteurs, ils apparaissent aux yeux de la population comme des embusqués qui ont passé la guerre
tranquillement derrière les barbelés.
A ce soupçon, difficile à digérer pour ceux
qui ont connu l’enfermement, s’ajoutent de petites humiliations. Les militaires
décédés en Allemagne n’ont pas droit à la mention « Mort pour la
France », ni à la médaille interalliée créée en 1920. Enfin leur prime de
démobilisation est inférieure à celle perçue par les combattants. Même si cette
discrimination sera rapportée dès 1922, il n’en reste pas moins que les anciens
prisonniers sont amers. Non les camps allemands n’étaient pas des camps de
vacances !
Les anciens prisonniers formeront des
associations d’anciens combattants indépendantes et n’auront de cesse de
réclamer qu’on reconnaisse leur souffrance. Mais entre le Poilu héroïsé et le
prisonnier dévalorisé, ils avaient fort à faire ; en 1931, encore, le
général Hirschauer continue d’opposer les uns aux autres à la tribune du Sénat,
en considérant que « si misérable
qu’ait été l’existence des prisonniers, peut-on la comparer à celles des
soldats, qui étaient au front, les pieds dans la boue, la tête dans le
feu ? ». Effectivement rien de comparable, mais le général oublie
que les prisonniers ont connu le feu…. Sans quoi ils n’auraient pas été faits
prisonniers.
Sources
- photos de famille et mise en ligne de l'article avec l’autorisation
d’Albert, petit-fils de Charles,
- documents « La Guerre de Jules »
avec l’aimable autorisation de Szczerba André,
- Livre « Prisonniers 1914-1918 »
de Jean-Paul Briastre Editions Sutton,
-
Livre « La Grande Guerre à travers la carte postale » de
Jean-Yves Le Naour Editions H
- archives départementales du Nord,
- Wikipédia
- Gallica
- groupes de Facebook
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