#ChallengeAZ - Q - Quelques ingrédients pour faire un bon fait divers

 

QUELQUES INGREDIENTS

Pour faire un bon fait divers

 

Pour captiver le public, les auteurs de polars ou de films noirs s’inspirent très souvent de détails bien réels.

Touchés par la fragilité des meurtrières pour l’horreur des crimes, les réalisateurs transforment de sordides faits divers en chefs d’œuvre sur grand écran.

 

« Les Blessures Assassines » :  film de Jean-Pierre Denis inspiré par les sœurs Papin.

 

« Les Noces Rouges :  film de Claude Chabrol inspiré par les amants diaboliques de Bourganeuf.

 

« Arsenic et vieilles dentelles » : film de Franck Capra inspiré de la sombre histoire de Amy Archer Gilligan.

 

« A perdre la raison » : film de Joachim Lafosse inspiré du drame de Nivelles en Belgique en 2007.

 

Et bien d’autres encore !

 

Les protagonistes


Le Mauvais Garçon
« Les loups de la butte », « les costauds de la Villette », « les gars de Charonne »… Vers 1900, ces bandes terrorisent Paris. Henri Fouquier, journaliste au Matin, leur trouve un nom bien romanesque­: les « Apaches ». Excellent filon­! Ils sont au moins « 30­000 » à voler, arnaquer… Et jouer du couteau comme Manda le proxénète.

Et la fiction­? Manda et sa protégée « Casque d’or » inspirent un film éponyme à Jacques Becker en 1952.

 

 

Le voleur en gants blancs  

Le cambrioleur, dérivé du mot « cambriole » (chambre, en argot), désigne un « baluchonneur » qui vit de misérables larcins. Mais au début du XXème siècle, le voleur devient un gentleman­! Il porte un haut-de-forme noir et des gants immaculés. La presse adore relater les larcins de Marius Jacob, qui signait ses forfaits « Attila ».
Et la fiction­? Cet anarchiste aux 106­cambriolages a inspiré Arsène Lupin à Maurice Leblanc.

 


La fille parricide
En 1933, Violette Nozière, 18­ans, empoisonne ses parents dans le Quartier latin, à Paris. La mère survit, et les médias chargent la parricide « détraquée », qui se dit victime d’inceste. Les surréalistes, tels André Breton ou René Magritte, tressent des lauriers à la criminelle. « Violette a rêvé de défaire. A défait. L’affreux nœud de serpents des liens du sang », écrit le poète Eluard.
Et la fiction­? L’affaire inspire un film à Claude Chabrol en 1977, avec Isabelle Huppert.

 

 

Monsieur Tout-le-Monde

Un veuf, bourgeois de surcroît, vous promet le mariage­? Méfiez-vous­! En 1915, Henri Désiré Landru attire ses victimes dans des villas des Yvelines pour leur faire signer des procurations sur leurs comptes. Puis il les trucide. Onze disparitions lui sont imputées à son procès en 1921. Condamné à mort, il est exécuté l’année suivante

 

 

 

Le décor



Les bas-fonds de Paris

Ces quartiers où se côtoyaient misère sociale et criminalité ont toujours fasciné. Leur description est même devenue un genre en soi dans la littérature populaire­: Les Bas-Fonds de Paris (1897) du chansonnier Aristide Bruant ou Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, roman-feuilleton de 1842-43.

 

 

 

 

Le trou paumé

Une bâtisse en pierre au fin fond de l’Ardèche­: voici l’auberge de Peyrebeille. Jusqu’en 1833 – et pendant vingt ans – 53 ­voyageurs auraient été torturés et détroussés ici. En réalité, un seul meurtre est attesté, et encore­! Las ! Les tenanciers terminent guillotinés et leur histoire inspire le film L’Auberge rouge (1951).


Les seconds rôles


L’appât

C’est souvent une femme aux mœurs légère, attirée par le gain, qui agit en complice. Comme Gabrielle Bompard qui, en 1899, usa de ses charmes pour attirer maître Gouffé, huissier, dans un guet-apens. Son amant l’attendait pour dépouiller la victime – qui finit dans une malle. Une beauté diabolique­? Un scénario similaire a inspiré le film de Bertrand Tavernier L’Appât (1995).

 

 

 

Le témoin

Il a tout vu mais n’a pas agi. Dans les années 1960, les psychologues nomment cette attitude l’« effet du témoin » après avoir étudié l’affaire Kitty Genovese. Le 13 mars 1964, une femme est assassinée en pleine rue à New York devant « 38­ témoins », qui n’interviennent pas. Cette histoire a suscité un roman de Didier Decoin (2009) et le film 38­ témoins de Lucas Belvaux (2012).



Le corbeau
Le volatile de mauvaise augure aime envoyer des lettres anonymes. De 1917 à 1922, à Tulle (Corrèze), des missives calomnieuses jettent l’opprobre sur les habitants. L’affaire fait tant bruit que Le Matin relate le procès de la coupable, Angèle Laval, « pauvre oiseau funèbre ». Le cinéaste Henri-Georges Clouzot, en s’emparant de l’histoire en 1943, lui trouve un nom­: Le Corbeau.

 

Armes, accessoires et mobiles du crime


La malle sanglante


A l’ère du chemin de fer, la mode pour se débarrasser d’un corps est de l’expédier par le train­! C’est ce qui arrive à Georges Bessarabo­: tué d’un coup de revolver, il finit dans une malle et voyagera de la gare de l’Est à Nancy­! C’est son épouse qui a fait le coup. Elle était… écrivaine­!

 

Le poison

C’est l’arme des « veuves noires »­! Il fait aussi un bon cocktail dans les romans.
L’histoire de la Roumaine Vera Renczi qui, dans les années 1920-1930, a empoisonné deux maris, son fils et 29­ amants à l’
arsenic a inspiré un des plus grands succès de Broadway­: Arsenic et vieilles dentelles. La pièce sera portée à l’écran par Frank Capra en 1944.

 


L’amour

Ça fait vendre. En 1910, Le Petit Journal raconte en moyenne huit « crimes passionnels » par semaine, avec le plus souvent des femmes dans le rôle de l’
assassin. Sauf qu’en observant les chiffres officiels de la même période, on s’aperçoit que seuls 8% des crimes sont le fruit d’amours contrariées.

 

Les faits divers remplissent le même rôle que les contes de fées, sauf qu’ils sont vrais.

 

Source

Article de Malika Bauwens Ça m'intéresse N° 49

 

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