#ChallengeAZ - X - Une prison pour femmes passée aux rayons X

 

Une prison pour femmes passée

aux rayons X

 


De 1794 à 1932, dans la prison pour femmes de Saint Lazare, au 107, rue du Faubourg Saint Denis, Paris a enfermé ses criminelles et ses indésirables.


Visite guidée de ce lieu sinistre

 

 Une façade crasseuse trouée de fenêtres noircies bardées de fer.

Ainsi est décrite l’entrée de la sinistre prison Saint Lazare dans  « Le Populaire » en 1930.

Pourtant, ce n’est pas à sa triste façade qu’elle doit sa réputation. Cette ancienne léproserie, siège de l’ordre des Frères Lazaristes dès 1632, devient en 1791 une prison pour ennemis de la révolution puis en 1794 un lien d’enfermement des femmes.


 

 

Elles seront des milliers à y être emprisonnées jusqu’en 1932. Dans la France puritaine du XIXème siècle, qui réprime adultère, avortement et prostitution, 15% des détenus sont des femmes (3% aujourd’hui).

La moitié sont condamnées pour vol, et en second lieu pour des infractions liées à une maternité non voulue (infanticide, avortement…).

S’y côtoient délinquantes, prostituées, jeunes filles retirées à leurs parents pour carence éducative.

Une division spéciale est formée pour les mères, auxquelles on accorde l’autorisation de garder leur enfant en bas âge, parfois né sur place.

« Qui sait si les caresses de leurs petits ne contribuent pas à œuvrer la conscience de certaines d’entre elles aux remords et au repentir ? » s’interroge « L’illustration » du 26 avril 1902.

 

En 1930, le journaliste Roger Lesbats visite la maison d’arrêt, et en sort indigné : « Je quitte définitivement cette inhumaine maison, où l’on ignore le plus minime confort, le feu, la lumière, l’hygiène : cette prison plus dégradée encore que ses pensionnaires…. Tolérera-t-on longtemps encore cette tâche lépreuse en plein Paris ? » Cinq ans plus tard, la prison est détruite.


Jusqu’à la moitié du XIXème siècle, les gardes étaient des hommes. Face aux
nombreux abus, la maison d’arrêt est confiée en 1850 aux sœurs de Marie-Joseph. « Elles y introduisent une discipline proche de celle du couvent et imposent le silence ». Elles sont 25 Nonnes pour surveiller les 2000 à 3000 détenues de la prison.

 

 

 

Dans la cour d’entrée, les voitures cellulaires attendent de conduire des détenues au palais de justice. « Les allées et venues sont incessantes ». En 1868, on enregistre 2720 entrées et 2859 sorties de prévenues et condamnées, 232 Entrées et 212 sorties de jeunes filles en correction, 4831 entrées et 4719 sorties de prostituées, et 200 recluses malades.

 


Les prisonnières sont vêtues d’un droguet rayé noir et bleu, d’un fichu croisé sur la poitrine et de sabots.

Bonnet brun pour la « section pénitentiaires » - les femmes recherchées pour des délits ou crimes de droit commun – et blanc pour la « section administrative » - en majeure partie des prostituées.

 



En 1930, la prison compte 120 cellules comme celle-ci. Les détenues y attendent leur libération. D’autres dorment dans les dortoirs comprenant jusqu’à 90 lits. Pour celles qui peuvent payer, existent « les pistoles », des celles de 10 détenues maximum, moins étroites, et chauffées en hiver.

 

 

 

 

 

 

 


A « Saint Lago », l’hôpital de Saint Lazare, on traite les femmes atteintes de maladies vénériennes, libres ou détenues. Ce quartier est réserve à cette lèpre moderne « la syphilis », lit-on dans « Le Populaire ». Trois étages sont consacrés aux trois stades de la maladie. L’Horreur augmente à mesure que vous montez.



Dans les baignoires, les patientes reçoivent des traitements au souffre, utilisés depuis le XVIIIème siècle pour traiter les maladies vénériennes.

Ce produit, comme le mercure et l’arsenic, peut aussi être administré en interne, en fumigations.

 


 

Saint Lazare compte des cuisines et une boulangerie, qui alimente les prisons de la Seine. « Jour et nuit, les fours flambent, les pétrins sont en action. Les détenues assurent 32 fournées par jour, dont sortent 230 pains.

 

 

 

Les prisonnières doivent manger dans le silence en respectant les bonnes manières. Les nonnes s’attachent à ce que les prisonnières se conforment aux normes de genre de l’époque. Il faut qu’elles se repentent, mais aussi qu’en sortant elles deviennent des mères aimantes et épouses dévouées.


Car, dès la fin du XIXème siècle, l’opinion publique s’inquiète de la réinsertion des incarcérées.
A l’école de la ménagère, les jeunes filles apprennent à tenir une maison et les bonnes manières.

La ménagerie est le bloc réservé aux indisciplinées.

Ces celles individuelles de correction sont grillagées et comptent un lit et une chaise : leur hauteur ne permet pas de se tenir débout et il n’y a pas d’eau pour se laver. Comme elles donnent sur une galerie extérieure, il y fait très froid en hiver.

 

 

 

 


 

 

 

 

Toutes les prisonnières qui le peuvent sont mises au travail dans l’un des sept ateliers de la prison.

A Saint Lazare est confectionné le linge de toutes les prisons de Paris. Les détenues y fabriquent aussi des matelas, dont certains sont vendus dans les grands magasins.

 


 

« Toutes sont logées dans une promiscuité

où les gâtées  pourrissent les saines ».

 

« Dans le silence nocturne, on entend d’ignobles jurons, des sanglots étouffés,

 Les giries des femmes trop expérimentées »

« Le Populaire » 19 avril 1930.

 

« Toute jeune fille qui entre en correction à Saint Lazarre en sort vicieuse et pourrie jusqu’au cœur » Maxime du Camp, fondateur de la Revue de Paris.


 

 


https://www.youtube.com/watch?v=HFLXZXoBTpU

 

Sources

Wikipédia

Ça m’intéresse Histoire septembre octobre 2020 

 

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