#ChallengeAZ - B - BOMPARD Gabrielle - La meutrière à la malle

  

Gabrielle BOMPARD

Le meurtre à la malle


 

Gabrielle Bompard (née à Lille le ),  est tout juste âgée de vingt et un ans au moment des faits. Fille d'un marchand de métaux assez aisé du Nord, elle se laisse séduire à l'âge de seize ans par un homme abusif qui l'abandonne rapidement.

Chassée par sa famille, elle monte sur Paris en 1888 où elle se retrouve prise dans les griffes d'un proxénète du boulevard Malesherbes.

 

Elle fait alors la connaissance d'Eyraud qui la prend sous sa protection, devient sa maîtresse et se livre occasionnellement à la prostitution. Petite, assez belle, elle possède un caractère déroutant, peut-être dû à une jeunesse gâchée par un père égoïste. Malgré son jeune âge, elle traîne néanmoins derrière elle une solide réputation de fille dévergondée.

 

Michel Eyraud (né à Saint-Étienne, le 30 mai 1843 au 9 rue d'Annonay, aujourd'hui : rue du Onze Novembre) est fils de négociants. Il s'est marié le à Paris 17e avec Louise Laure Bourgeois, et est le père d'une fille, nommé Marguerite Louise Eyraud qui meurt à l'âge de neuf ans à Asnières-sur-Seine le chez ses parents au 11bis rue de Colombes.

 

Mari violent et volage, il a abandonné son épouse, battue et humiliée, pour embrasser la carrière d'« aventurier ». Il s'engage un temps dans l'armée et participe, en 1863, en tant que caporal de chasseurs à pied, aux combats durant l'expédition du Mexique, avant de déserter.

Il vit alors d'escroqueries et d'autres affaires véreuses.

 

En juillet 1889, Maître Toussaint Augustin GOUFFE, huissier de justice à PARIS, disparait ! 

Ou est-il passé ? La police et les gazettes parisiennes s’interrogent. La réponse est apportée à 500 kilomètres de là.

 

 

Le 13 aout 1889, le cantonnier de Millery, près de Lyon, aperçoit une nuée de mouches au-dessus d’un sac en jute.

C’est un corps humain. La tête est méconnaissable, le corps saucissonné par une corde.

Quelques jours plus tard, un peu plus loin, un ramasseur d’escargots trouve une vingtaine de débris ; une malle en bois qui s’est brisée. Et elle va parler !

Un bout d’étiquette révèle qu’elle a fait le voyage de Paris à Lyon, par le chemin de fer le 27 juillet. Autrement dit, le lendemain de la disparition de Gouffé.

Et si le cadavre c’était lui ?

Une première autopsie à Lyon ne livre pas l’identité du défunt. En novembre, une seconde autopsie est confiée au célèbre professeur Lacassagne, elle dure huit jours.

Le légiste est formel, l’huissier et l’inconnu de la malle ne font qu’un.

 

 

L'associé de Gouffé, Rémy Launay, est longtemps suspecté par les enquêteurs d'être le commanditaire du meurtre car il avait d'énormes dettes arrivant à échéance et donc un mobile pour faire disparaître son créancier Gouffé, mais Eyraud disculpe Launay qui bénéficie d'un non-lieu.

La police creuse la piste de la malle. Elle en fait une copie et l’expose au public au cas où quelqu’un la reconnaitrait.

Un sellier indique que la malle est de fabrication anglaise. Et la police reçoit une lettre de Londres disant que des français ont hébergé un couple début juillet qui a acheté une énorme malle : Gabrielle Bompard et Michel Eyraud.

Les inspecteurs constatent en perquisitionnant son étude que des papiers y ont été dérangés mais une somme de 14 000 francs retrouvée sur le bureau exclut la thèse du crime crapuleux. En explorant les habitudes et les relations de cet homme, ils s'aperçoivent qu'il a fréquenté, peu avant sa disparition, un couple d'escrocs : Michel Eyraud et la maîtresse de ce dernier, Gabrielle Bompard.

En juillet, Gouffé et la jeune femme ont été vus ensemble. L’huissier fréquentait des « cocottes », ces dames qui monnayent leurs faveurs.

Selon ces amis, le soir de sa disparition, il avait un rendez-vous galant.

Coïncidence plus que troublante : ceux-ci ont quitté précipitamment Paris le . Le , l'un des premiers mandats d'arrêt internationaux est lancé contre les deux suspects. Plus tard, les soupçons se confirment lorsqu'un layetier londonien reconnaît la malle, qu'il a vendue quatre mois plus tôt à Eyraud et Bompard.

Déroulement du meurtre

Le , Gabrielle Bompard reçoit l'huissier, qu'elle a le jour-même fait mine de rencontrer accidentellement dans un café et incité, par ses avances, à venir lui rendre visite, dans l'appartement parisien qu'elle et son complice louent dans le 8e arrondissement, au no 3 de la rue Tronson-du-Coudray.

Nue sous sa robe de chambre, elle l'invite à s'asseoir sur le lit et joue de ses charmes. Lui proposant un petit jeu sexuel, elle lui passe autour du cou la ceinture qui ferme sa robe de chambre. Eyraud, qui se tient caché derrière un paravent, se saisit alors de la ceinture, l'attache à une corde préalablement passée dans une poulie fixée au plafond, et tire.

Mais Gouffé résiste.

Eyraud, paniqué, sort de sa cachette, bondit sur l'huissier, et l'étrangle de ses mains.

Le couple fait ensuite l'amour sur le lit, à un mètre du cadavre.

Lors des auditions du procès, Eyraud charge sa compagne et dira que c'est elle qui a passé la cordelière au cou de Gouffé, en lui disant « Ça te ferait une belle cravate ».

Voyant que l'huissier n'a pas d'argent sur lui, Eyraud décide de se rendre seul à son étude en se servant des clefs de sa victime.

Cependant, à cause de la pénombre des locaux et dans sa précipitation, il ne trouve pas les 14 000 F laissés dans le bureau.

Sans butin, les assassins tentent alors de se débarrasser du cadavre. Ils le placent dans une malle achetée plus tôt à Londres et expédient celle-ci jusque Lyon, via la ligne Paris-Marseille.

À Lyon, ils récupèrent à la gare l'encombrant bagage, et louent un cabriolet pour le transporter. Lorsque la malle de 105 kg commence à devenir trop lourde pour eux et que, surtout, l'odeur de putréfaction commence à être perceptible, ils l'abandonnent sur la route de Millery. Le couple embarque ensuite pour l'Amérique.

 

Alors qu'ils sont à San Francisco, Gabrielle Bompard quitte Eyraud et rentre en France, où elle se constitue prisonnière le

Eyraud, pendant ce temps, poursuit sa cavale entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, vivant d'expédients, parfois d'escroqueries. En juin 1890, après avoir échappé plusieurs fois de justesse aux policiers français qui s'étaient lancés à ses trousses, il est finalement appréhendé à La Havane, où il s'était réfugié.

Le procès des « assassins de la malle à Gouffé » s'ouvre le devant la cour d'assises de la Seine. Le le verdict tombe. Bien que défendu par le célèbre avocat Félix Decori, Michel Eyraud est condamné à mort. Il est guillotiné, place de la Roquette, le

Maître Henri-Robert, avocat de Gabrielle Bompard, plaide que sa cliente, soumise à Eyraud au moyen de l'hypnose – pratique très en vogue à l'époque –, a été la complice involontaire de celui-ci.

C'est ce qui explique probablement un verdict plus clément pour la jeune femme, puisqu'elle s'en sort avec les circonstances atténuantes et une condamnation à vingt ans de travaux forcés, qu'elle purge à la prison de femmes de Nanterre, puis à la centrale de Clermont, dans l'Oise.

Elle est finalement libérée en 1905, avant le terme de sa peine, et après avoir bénéficié de plusieurs réductions de peine pour bonne conduite.

Elle devient ouvreuse dans un théâtre reconverti en cinéma, et son passé inspirera à son public la complainte Gabrielle Bompard. Elle finit ses jours, oubliée, en 1920.

 

Sources

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530608003.r=gabrielle%20bompard?rk=21459;2

https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&query=%28gallica%20all%20%22gabrielle%20bompard%22%29&lang=fr&suggest=0

Wikipédia

« Affaire Gouffé ». Dessin d'Henri Meyer. Supplément illustré du Petit Journal, 20 décembre 1890.

Magazine « Ca m’intéresse – HISTOIRE hors-série septembre octobre 2020.

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