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F comme Fiançailles
 en Bretagne

Après le baptême, la première communion et les obsèques, pour tout Breton le mariage est un des trois ou quatre moments essentiels de l’existence, une des « quatre saisons de la vie »

Le déroulement du mariage obéit à un enchainement de coutumes et de traditions à peu près générales en Europe, sinon au-delà. Il faut d’abord rechercher une alliance, conclure des accords matériels, apporter une dote, un trousseau et préparer la fête.
C’est ce que nous allons découvrir aujourd’hui.

En deuxième lieu, fiançailles ou pas, le grand jour comprend les deux cérémonies officielles ; le mariage civil et la célébration religieuse. Après quoi, c’est le grand repas suivi de danses et de festivités diverses. Enfin, la troisième phase est consacrée à la nuit nuptiale, au retour de noces et à tout ce qui suit et conclut le mariage.
Nous verrons ces dernières phases à la lettre N comme NOCES EN BRETAGNE.

Il existe plusieurs moyens de savoir si on va se marier ou pour demander au ciel de vous trouver un conjoint, le meilleur si possible.
On peut prier la Sainte Vierge d’abord et particulièrement dans certaines de ses chapelles où elle est vénérée dans ce but (Plougasnou, Notre Dame de Béléan à Ploeren). On demande aussi le mariage auprès des tombes de Sainte Pataude, fusillée pour avoir dénoncé des chouans à Bain de Bretagne …


Dans de très nombreux cas, on recourt à l’oracle de l’épingle soit en la piquant dans une statue ou une croix, Sainte Anne d’Auray, Guimiliau, Ploumanac’h, soit en la jetant d’une certaine manière dans une fontaine pour qu’elle flotte, ce qui indique un mariage dans l’année. Une femme assez astucieuse vendait des épingles qui flottaient toujours de façon magique ; elle les enduisait de beurre.

  








Multiples sont les occasions de rencontres pour les jeunes gens dans la société rurale de jadis. 

Les fêtes, les travaux, les cérémonies religieuses permettent aux garçons et filles de se voir, de se côtoyer ou de se rechercher avec beaucoup de réserve et de pudeur dans la majorité des cas.
A la ferme on participe aux veillées d’hiver, aux fileries ou aux « brairies » pendant lesquelles on broie le lin dans le pays guérandais. L’été les travaux de moisson rassemblent une main d’œuvre nombreuse et les distractions sont possibles après de rudes efforts. 
On mesure la force physique des hommes et la résistance ou l’élégance des femmes.
La composition des couples de garçons et filles d’honneur lors des mariages est aussi une façon de faire des prévisions car on peut ainsi faire des essais pour une union future.

 Une des coutumes les plus pittoresques du mariage en Bretagne est le recours à des intermédiaires, ou entremetteurs, qui, ici plus particulièrement doivent respecter un certain nombre de rites pour arriver à leurs fins. Le nom de ces personnages est assez variable suivant la région où l’on se trouve. Il est communément dénommé « Le Basvalan ».
Quand le « basvalan » fait les démarches au nom de la famille, il peut adopter différentes attitudes mais il n’aborde jamais le sujet de front, soit par pudeur, soit par tactique, soit parce que, le problème étant particulièrement important, il faut d’abord créer un climat de confiance et de bonnes relations. On assiste donc à différents scénarios qui semblent autant de mises en scène ou de comédies qui remontent, probablement, à des temps très reculés et sont connus un peu partout.

Au milieu du XIXème siècle, si le père laisse les tisons en place, si les armoires sont négligemment ouvertes pour laisser apparaitre quelques signes de richesse, si les chaudrons reluisent, si la vaisselle est fraichement nettoyée et brille sur le dressoir, c’est que la famille est favorable à la demande. Il n’empêche que le « Basvalan » et le « Breutaer » (l’entremetteur et le rimeur) entament un dialogue officiel.
Après cette déclamation, la jeune fille, qui jusque là était en retrait, ou dans une autre pièce, entre en scène. Le « Basvalan » frappe trois coups avec son bâton, les jeunes gens se prennent la main tandis que le tailleur et le père de la « future » se mettent à discuter les conditions matérielles du mariage. Quant ils sont parvenus à un accord, ils se frappent dans la main et servent une collation.

Dans l’ile d’Ouessant, jusqu’au début du XIXème siècle, ce sont les femmes qui choisissent leur époux en observant un rituel particulier. L’homme se couche dans le lit clos et la jeune fille lui apporte du pain, du vin, du lard et des friandises ; s’il accepte de l’épouser, il mange quelque chose et boit un verre. S’il refuse,  il fait mine de dormir.

Dès que la demande a été agréée, les deux familles commencent les préparatifs et font les fiançailles.  La plupart du temps, une rencontre (avec ou sans repas) permet de fixer la date des fiançailles et de prendre les dispositions pratiques. A Guidel, c’est le repas des « retrouvailles », en Loire Atlantique ce sont les « accordailles », au cours desquelles on échange les alliances et on boit la « tuilée ».


Les mariages donnent lieu à une dot, à des accords notariés ou à des engagements privés.
Il est de coutume à cette époque qu’un couple ne convole pas tant qu’il n’a pas de moyens d’existence par son métier ou par les biens que lui donnent les parents.
La jeune mariée a un trousseau d’autant plus important que sa famille est riche et aisée.
Les riches familles paysannes constituent des trousseaux somptueux dont elles remplissent soigneusement leurs armoires plusieurs années à l’avance.




La première formalité est de publier les bans tant à la mairie qu’à l’église. Les bans sont un engagement, une promesse, ils correspondent donc à l’annonce du projet de mariage entre deux jeunes gens. Ils sont affichés à la mairie deux semaines de suite et publiés dans la presse. Ils sont proclamés en chair, au moment du prône, trois dimanches ou jours de fêtes consécutifs, ce qui établit à trois semaines au minimum la durée séparant les fiançailles du mariage.






La journée de fiançailles est en général marquée par une collation ou par un repas, un « fricot », bruyant, gai et largement arrosé.
 
La jeune fille va choisir le tissu de son costume, lorsqu’elle s’en fait faire un, puis le tailleur vient chez ses parents pour réaliser cette toilette.
 
Le jeune homme offre l’anneau de fiançailles (appelé à Quimper « ar c’habest », la bride).  Le futur marié fait aussi quelques menus présents ; épingles de cérémonie, fleurs d’oranger, bagues de fantaisie portant deux cœurs enlacés, borderies, boucles d’oreilles, chapelets.
La fiancée offre parfois au jeune homme des rubans à chapeau, une montre, un missel, une tabatière.

Les invitations sont faites par les « futurs » quinze jours avant, par des visites à domicile où l’on sert casse croûte et café. Ces tournées d’invitation peuvent durer de un à huit jours et s’achèvent généralement le jeudi. Dans le pays Vannetais, quant on invite quelqu’un le vendredi, c’est qu’en réalité, on ne souhaite pas qu’il vienne à la noce.


C’est tout pour aujourd’hui, vous retrouverez dans quelques jours, la suite de nos fiançailles à « N comme Noces en Bretagne ».


Sources – textes et images – « Fiançailles et Noces en Bretagne », de Bertrand Frélaut aux Editions Ouest France.



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