FUSILLE
PAR LES REVOLUTIONNAIRES
Entre 1793 et 1796, les
opposants à la Révolution vivant au sud de la Loire sont impliqués dans une des
plus grandes guerres civiles que notre pays
ait connues ; « La Guerre de Vendée ».
« Blancs » contre « Bleus », « Royalistes »
contre « Républicains ». Elle fut marquée par des personnalités
exceptionnelles ainsi que par de multiples atrocités.
J’ai déjà écrit sur cette
« Guerre de Vendée », lors du challenge AZ 2015
« Guerres de Vendée » http://mesgenealogies.blogspot.fr/2015/06/challenge-az-g.html
« Vendée déchirée » http://mesgenealogies.blogspot.fr/2015/06/challenge-az-v.html
L’un de mes Ancêtres VISONNEAU a donné
de sa vie pendant cette période si trouble.
Ce n’est pas un homme Illustre
comme «Charrette», «Cathelineau»,
«Cadoudal», ou entre bien d’autres, non, simplement un homme
ordinaire qui espérait donner un monde meilleur à ses descendants.
«Martin
VISONNEAU»
Né au BIGNON (Loire Atlantique) le 19
septembre 1746, il est domestique à PONT SAINT MARTIN lorsqu'il épouse une
Chevroline Jeanne Coeslier, le 20 août 1776.
Il reprend alors la métairie de la GUILBAUDRIE, tenue
jusque là par son beau-père, pour le compte du seigneur de La Freudière à LA
CHEVROLIERE
Il y cultive une trentaine d'hectares.
Il possède en propre quelques parcelles. On retrouve
son nom sur la liste des propriétaires fonciers de 1792.
Comme la plupart des communes de l’OUEST, LA
CHEVROLIERE a traversé douloureusement cette période troublée.
Les Chevrolins (habitants de la Chevrolière) sont
plongés en mars 1793 dans cette guerre divisée en deux camps ennemis, les
Blancs et les Bleus !!
La commune de la CHEVROLIERE a vu plusieurs centaines
de ses habitants, de tous âges et de toutes conditions, disparaître dans la
tourmente, et beaucoup d’autres connaîtront l’exil et la misère pendant de
longues années.
Martin choisit son camp ; les
«Blancs».
La chute de la royauté,
après le 10 août 1792, puis la mort du roi, guillotiné le 21 janvier 1793,
aggravent les ressentiments à l’égard de la Révolution. Si ces deux évènements
ne provoquent pas encore d’émeutes ni de mouvements populaires, c’est que les
révolutionnaires exercent une surveillance d’autant plus stricte qu’ils sont en
guerre depuis avril 1792 contre la Prusse et l’Autriche.
En février 1793, une levée
de 300 000 hommes est décidée.
Cette levée des 300 000
hommes entraîne une «émotion » rurale d’une ampleur inégalée à travers
toutes les provinces de l’Ouest.
C’est au cours du
dimanche 10 mars 1793, jour de réunion paroissiale et communale, pendant lequel
doit avoir lieu le « maudit tirage » que l’insurrection éclate spontanément
en divers endroits. Elle se répand aussitôt comme une traînée de poudre,
enflammant les campagnes à la veille du printemps.
La Chevrolière, comme
beaucoup de communes de la Loire Inférieure, est en état d’insurrection.
Des chevrolins
figurent au nombre des 5 à 6000 paysans insurgés qui participent aux évènements
de Saint Philbert et de Machecoul.
Le
printemps et l’été 1793 voient non seulement l’extension de l’insurrection mais
aussi des victoires militaires vendéennes inquiétantes pour la République.
A
la fin de l’été, l’arrivée à NANTES de l’armée de Mayence appelée en renfort,
va changer la donne.
Il
faut bruler le pays, couper les haies, déporter les habitants. Des colonnes
armées commencent à appliquer ce programme dans le sud du département de la
Vendée.
Les
habitants patriotes sont poussés hors de la région et doivent se réfugier dans
les zones favorables à la République.
Cet exode forcé
permet de faire la distinction entre rebelles et républicains.
Contrainte
d’abandonner la rive gauche de la Loire, l’armée vendéenne dans un mouvement
impulsif traverse le fleuve autour de Saint Florent pour se diriger vers la
Bretagne et le Maine. Entre 60 000 et 100 000 personnes, hommes,
femmes et enfants, partent pour un long périple «la Virée de
Galerne».
La
colonne s’étend sur plusieurs kilomètres, protégée par 30 000 à
40 000 combattants. Certains veulent marcher sur Paris, d’autres
veulent rallier les Bretons engagés dans la Chouannerie, et les Anglais qui
effectuaient des raids sur la côte.
C’est
ce parti qui est pris. Cependant tout ne se passe pas comme prévu, les alliés
escomptés ne sont pas au rendez-vous.
Les
Vendéens sont repoussés à l’intérieur des terres. Ils continuent leurs marches
et retrouvent encore une fois la Loire à côté d’Ancenis. Certains réussissent à
franchir le fleuve, mais toute la colonne ne peut suivre. Il faut fuir.
Suivis et harcelés
par l’armée républicaine, les vendéens repartent vers l’ouest, ils évitent
soigneusement les villes de NANTES et CHATEAUBRIANT trop bien défendues, et
finissent par être rejoints à côté de la petite bourgade de SAVENAY.
Entourés
par les armées républicaines, fatigués, affaiblis par les départs de petits
groupes qui tentent leur chance séparément en Bretagne, en Mayenne, ils sont
écrasés le 23 décembre 1793. Les survivants faits prisonniers sont exécutés
dans les jours qui suivent. D’autres survivront après s’être cachés dans la
campagne de la presqu’ile guérandaise.
C’est
lors de cette ultime bataille, que Martin VISONNEAU est fait prisonnier.
Accusé
d’avoir monté la garde avec les brigands, il est arrêté fin 1793 et se retrouve
emprisonné à NANTES, à l’Entrepôt des Cafés.
Jugé
et condamné par la Commission militaire Bignon, le 17 janvier 1794, il est
fusillé le jour même dans les carrières de Gigand avec 97 autres condamnés à
mort.
Il
est écrit « VISANEUR », au lieu de « VISONNEAU ».
« La défaite
des « brigands » est si complète que nos postes les tuent, les
prennent et les amènent par centaines ;
la guillotine ne
peut suffire ;
J’ai pris le parti de les faire
fusiller...»
La manière de procéder est des plus
expéditives ; les prisonniers défilent devant leurs juges sans
interruption. Il ne leur est demandé que leur identité ; ensuite, reconnus
coupables d'avoir porté les armes contre la République, ils sont condamnés à
mort et exécutés dans les heures suivantes.
L'avantage pour la commission Bignon de
siéger à la prison de l'Entrepôt des cafés est double, les prisonniers sont
saisis dans leur principal lieu de détention, le plus engorgé aussi, et
ensuite, après leur «jugement» sommaire, ils sont menés, avec toute
la rapidité requise aux carrières suburbaines de Nantes (Miséri, Gigant,
Chantenay) où les attend le peloton d'exécution
Entre le 29
décembre 1793 et le 20 février 1794 la commission Bignon prononce au total
1 978 condamnations à mort contre trois peines de déportations et sept
acquittements.
La Révolution a transformé
Nantes en ville pénitencière, tant les prisonniers affluent de Vendée et de
Bretagne vers de sinistres prisons.
-
Le Bouffay ou se dresse la guillotine
-
Les saintes Claires ravagées par les épidémies
-
Le Bon Pasteur – prison de femmes
L’Hospice et le Sanitat – les prisons
flottantes
- Et surtout l’Entrepôt des Cafés, précurseur
des camps de concentration où sont entassés près de 8000 prisonniers capturés
au lendemain de la bataille de Savenay.
Aucune hygiène dans ces
geôles, sans eau. Hommes, femmes et enfants gisent à même le sol et attendent
leur triste sort. Beaucoup sont malades et chaque jour un grand nombre de
cadavres sont jetés par les fenêtres. Peu de prisonniers y survivront, victime
de la maladie, des fusillades, de la guillotine ou des noyades en Loire.
Ceux de l’Entrepôt périront
tous.
Ci-après un article des
« Petites Chroniques Vendéennes », de la Vendée historique relatant
la souscription pour élever un monument à la mémoire des victimes de la Terreur
nantaise fusillées dans les carrières de Gigant.
Mon Mari aurait également un
Ancêtre qui a été pendu pour «brigandage en Vendée», mais pas
encore trouvé de renseignements à ce jour.
Sources
«Blancs et Bleus dans
la Vendée Déchirée» ; Jean-Clément MARTIN éditions Découvertes
Gallimard
«Les prisons de Nantes
pendant la révolution» Alfred Lallié aux éditions « Pays et
Terroirs »
Archives départementales de Vendée «Guerres de
Vendée»
Gallica
Le livre «La
Chevrolière sous la révolution» de Patrick AMELINE.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerNous avons choisi le même mot pour cette lettre F du challengeAZ ! C'est sympa de lire un article inspiré par une histoire semblable. Votre article est fort bien illustré !
RépondreSupprimerMerci, je n'ai pas encore lu le votre, mais je vais me mettre à la lecture des autres blogs bientôt.
SupprimerMerci pour votre article que je trouve très intéressant.
RépondreSupprimerAvez-vous des renseignements
sur le massacre de Machecoul ? J'ai un ancêtre qui y était et j'ai peu de documents. Je suis donc en recherche sur cette époque.
Bravo pour votre blog !