Sortie de hautbois champêtre, la bombarde n’est utilisée
qu’en Bretagne. Elle est composée d’un tube conique, appelé le fût ou le corps,
débouchant sur un pavillon évasé.
A l’origine, la bombarde était utilisée à la cour. Les rois de France
et les grands princes appréciaient l’ampleur des ensembles des hautbois
sonores.
Comme pour la cornemuse, les attestations de l’usage d’un
hautbois populaire en Bretagne ne manquent pas. L’instrument y est présent depuis
au moins le XVème siècle. Mais, là encore, les termes employés entre le XVème
et le XVIIIème siècle pour désigner ce type d’instrument sont si divers qu’il
s’avère impossible de déterminer quelle variante est employée.
Bien peu de représentations bretonnes sont fiables. Les
attestations de la pratique de hautbois populaires viennent autant de haute que
de basse Bretagne. Elles abondent à partir du XVIème siècle. De plus, on écrit
généralement « bombardes » au pluriel ; est-ce pour évoquer le grand nombre de
joueurs ou la présence d’une « bande ménétrière » ?
A Rennes, pour la venue d’Henri IV en 1598 sont rétribués
des joueurs de bombarde.
En 1716 dans son dictionnaire, Dom le Pelletier précise que
« la bombarde est en Haute Bretagne, ce que nous appelons en France un hautbois
».
A cette époque, à Paris, le terme « bombarde » est déjà
tombé en désuétude. La persistance de son usage en Bretagne, indique
probablement le maintien d’un ancien type d’instrument.
Les voyageurs traversant la basse Bretagne à
partir des années 1830 relèvent l’engouement de la population pour le trio
biniou bombarde et tambour. Frappés par l’originalité de cette musique , ils
voient bientôt dans ce petit ensemble instrumental le symbole d’une musique
vraiment nationale, et telle que doit être celle d’un peuple primitif.
Au milieu du XIXème siècle, biniou bombarde et parfois
tambour, ne se rencontrent pas dans toute la Bretagne. Afin
d’évaluer l’aire de jeu de ce duo ou trio entre 1820 et 1880 on s’appuiera sur
des écrits d’époque et sur des témoignages oraux postérieurs à cette époque.
Un article du folkloriste François-Marie Jacob, publié en
1922, les enquêtes minutieuses de Jean Michel Guilcher, menées dans les années
1950, de même que celles plus récentes 1960-1990 de nombreux chercheurs
regroupées autour du « collectif biniou bombarde », permettent de cerner les
pratiques des sonneurs de couple sous la troisième république.
Longtemps les sonneurs ont disposé de leurs propres
morceaux. Cohabitaient alors un répertoire purement chanté et un répertoire
purement instrumental. Mais, faute de possibilités de transcription, ce dernier
a en partie disparu.
En réalité, lorsqu’ils veulent jouer des airs
traditionnels, les musiciens d’aujourd’hui piochent, exception faite de
quelques airs de circonstance, dans l’ancien répertoire chanté.
La bombarde est un instrument de
musique à vent à anche double de la famille des hautbois, employé dans la musique bretonne. Le mot «
bombarde » provient du latin bombus, signifiant « bruit sourd ». En breton l'instrument
s'appelle ar vombard (mutation de bombard) ou an talabard. Un
joueur de bombarde s'appelle un talabarder. Aucun autre pays celtique ne
possède ce type d'instrument soliste accompagné par la cornemuse (biniou). Il en existe
toutefois une version nord-italienne (piffero), une sud-italienne (ciaramella)
et une catalane.
L'instrument requiert du musicien un véritable effort
physique qui l'astreint à des pauses fréquentes, aussi est-il rare que la
bombarde joue seule. Elle est le plus souvent utilisé en couple avec le biniou kozh,
ou bien forme un des pupitres des bagadoù
bretons.
L'instrument se compose de trois parties :
· le
fût ou corps, légèrement conique, est percé de 6 ou 7 trous (ou plus avec
l'ajout de clefs) en façade. Il est tourné dans un bois dur, le buis, le poirier, le
gaïac, le palissandre
ou l'ébène,
et peut être ornementé de cerclages en étain, de corne, de bois différents, ou
même d'ivoire.
· le
pavillon, taillé dans une autre pièce généralement du même bois, est de forme
évasée, et reçoit l'extrémité inférieure du fût.
· l'embouchure
reçoit l'anche double (aujourd'hui en roseau,
elle a pu être en buis, en écorce de ronce, voire en os bouilli), qui sera
pincée par les lèvres du talabarder[7].
Elle se décline en plusieurs tonalités différentes :
· Les
bombardes soprano (ré, do, si, si, la, sol, fa)
· Les
bombardes alto (ré, mi)
· La
bombarde ténor (si)
La tonalité la plus répandue est le soprano en si , la même
tonalité que la cornemuse écossaise (biniou
bras) telle qu'elle existe en Bretagne (la tonalité de la cornemuse en
Écosse est en la, soit un demi-ton en dessous). La bombarde est à la base un
instrument diatonique mais est utilisée de plus en plus de
manière chromatique avec l'application de clés pour jouer les demi-tons.
On en joue sur deux octaves.
Pratique de la bombarde
Comme presque tous les instruments à vent, la bombarde se
tient avec la main gauche en haut du corps (plus près de la bouche) et la main
droite en bas du corps. La bombarde est tenue en bouche et les bras avec un
angle de 85° à 90° avec le corps du musicien.
Comme tous les instruments à trous, la note jouée est
d'autant plus aiguë que le nombre de trous ouverts est grand et la note la plus
grave est obtenue lorsque tous les trous sont bouchés. Pour un même registre,
les doigtés des autres notes, s'obtiennent en ouvrant progressivement les trous
de la main droite puis ceux de la main gauche.
L'anche double de roseau, sur laquelle viennent se poser
directement les lèvres, est fragile et se "pratique". Une
anche dite "dure" (c'est-à-dire demandant un effort plus considérable
pour émettre le son) peut s'adoucir avec l'usage ; une anche déjà douce, bien
que plus facile au premier abord, deviendra rapidement inutilisable si elle est
malmenée par un sonneur peu consciencieux.
La bombarde exige beaucoup de souffle et un talabarder
peut rarement jouer longtemps. C'est pourquoi les phrases musicales sont
courtes et répétées : la bombarde joue une phrase musicale, puis l'instrumentiste
se tait (temps de récupération) pendant que d'autres instruments répètent la
phrase musicale. La bombarde a un son clair et puissant, qui porte loin.
Le son de la bombarde, très caractéristique, est
particulièrement puissant : le nombre de décibel pour un seul exécutant pouvant
atteindre 105 à 110 dB à l'embouchure, et 95 à 100 dB entre 2 et 4 mètres ; un ensemble (un
Bagad par exemple)
contenant bombardes, cornemuses et caisses claires, peut dépasser les 110 dB
(soit au dessus de la limite légale pour une discothèque en France).
Source – Textes et images extraits du très beau livre
Musique Bretonne
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