L’arrivée de l’accordéon ne remonte pas au–delà
des années 1850. Une histoire bien courte, si on la compare à celle de la
veuze, du biniou ou de la bombarde, mais ô combien dense, complexe et
mouvementée.
Instrument par lequel le changement arrive,
l’accordéon brise définitivement le fragile équilibre entre musique sonnée et
musique chantée, encore respecté au XIXème siècle, même là où le chant n’avait
jamais pu être détrôné par les sonneurs comme dans la Montagne.
De plus son apparition coïncide avec le lent
déclin que connaît l’ensemble des traditions populaires.
On assiste alors à un phénomène unique dans
l’histoire de la musique instrumentale bretonne postérieurement à la révolution
; l’accordéon diatonique réussit à envahir à partir de 1890 jusqu’aux moindres
communes. Avec lui, arrivent les danses en couples, aux mélodies aisément
jouables sur cette « touche » moderne. Signera-t-il l‘arrêt de mort de la
tradition instrumentale bretonne, et la disparition de son répertoire
spécifique ?
Dès 1900 les folkloristes comprennent le danger. «
La pibole a vécu, la veuze agonise, l’accordéon, importation allemande ou
italienne, envahit jusqu’à nos campagnes, cela a tué ceci et c’est bien
dommage, car l’originalité de nos fêtes villageoises est gravement compromise !
» constate Auguste Barrau en 1896 à propos du marais breton vendéen.
Jouer de l’accordéon divertit alors la bourgeoisie. Son
arrivée en milieu paysan ne semble pas acquise d’emblée si l’on en croit un
article du Lannionnais d’octobre 1850.
30 ans plus tard, l’accordéon, qu’on fabrique
déjà industriellement, résonne dans quelques noces paysannes, mais il semble
bien loin d’avoir acquis une notoriété semblable à celles des autres
instruments utilisés depuis longtemps par des sonneurs professionnels aux
techniques de jeu bien affirmées.
Encore peu prisée, la « boîte à musique » obtient
bientôt un énorme succès. Moins de dix ans plus tard, on la trouve citée dans
diverses régions de Bretagne, comme accompagnant la danse, tandis qu’Eugène
Herpin la nommé déjà en 1892 le « biniou du Terre Neuvas ».
Une grande partie de ces instruments est achetée
par des marins.
En une génération «entre 1890 et 1914 »
l’accordéon diatonique envahit, tel un raz de marée, une bonne partie de la Bretagne. Il apparaît
partout à la fois, sans aucun processus de conquête d’est en ouest. C’est
l’instrument à la mode.
Dans toute la Bretagne, la vieille génération de
l’époque prend ces changements avec un certain fatalisme, les anciens
préféraient entendre jouer de la vielle que de l’accordéon, mais il a bien
fallu se mettre à la mode !
Vers 1930 sur le cinq jours de réjouissances
d’une noce, les couples biniou bombardes n’animent plus que le « jour d’honneur
», le retour de noce étant l’affaire d’un accordéoniste.
L’accordéon s’acoquine parfois localement avec le
violon ou la bombarde, plus rarement avec la vielle ou la veuze.
Omniprésent vers 1930, l’accordéon diatonique
attint le faîte de sa popularité. Là où n’étaient pratiquées que les danses aux
chansons, il devient incontournable.
En Bretagne l’accordéon chromatique n’aura besoin
que de quatre ou cinq ans pour s’imposer entre 1930 et 1935.
Le nom d'accordéon regroupe une
famille d'instruments qui utilisent l'anche libre, mais qui parfois sont de
factures très différentes. C'est une famille d'instruments de musique à
clavier, polyphonique, utilisant des anches libres excitées par un vent
variable fourni par le soufflet actionné par le musicien (définition par Émile Leipp). Il fait
partie de la famille des instruments à vent. Il a reçu nombre de noms d'emprunt
: « piano à bretelles », « piano du pauvre », « boîte à frisson », «
branle-poumons », « boîte à chagrin », « soufflet à punaises », « dépliant », «
calculette prétentieuse », « boîte à soufflets » et « boîte du diable » (Boest
an diaoul, en Basse-Bretagne
et Boueze en Haute Bretagne).
Dans l'accordéon, deux anches sont montées sur
une même plaquette, une de chaque côté de la plaquette. Une
anche ne fonctionne que dans un seul sens, lorsque l'air la pousse vers la
plaquette, donc une seule des deux anches fonctionnera pour un sens donné du
soufflet. Une "peau musique" (en cuir, en vinyle ou en matériau
composite souple) empêche la perte d'air par l'interstice entre l'anche qui ne
parle pas et la plaquette. (On dit de l'anche qui produit du son qu'elle
"parle").
La vibration est due à un phénomène dit de
relaxation : elle n'est donc pas sinusoïdale et comporte de nombreux
harmoniques responsables d'une famille typique de timbres. Les harmoniques sont
utilisés pour faciliter l'accord des basses fréquences (< 100 Hz).
La fréquence de vibration est pratiquement
indépendante de la puissance du souffle d'air, l'anche vibrante jouant
d'ailleurs, à pleine puissance, le rôle de limiteur de débit. Cependant,
lorsque des anches de fréquences extrêmement proches (différence inférieure à 1
Hz, tout au plus) sont alimentées en air par un système commun, il arrive que
l'anche la moins stable en fréquence s'accorde à la fréquence de l'autre par
effet de "couplage" ou "pilotage", masquant leur
"désaccord", voire interdisant un vibrato différentiel intentionnel
de fréquence inférieure à 1 Hz.
Dans l'accordéon, les anches donnant les sons les
plus graves (< 50 Hz environ) ont une longueur de 5 à 10 centimètres et
sont chargées, près de leur extrémité vibrante, par une masse de laiton
(généralement, ou d'étain sur les anches anciennes ou modifiées par un
accordeur). Les anches produisant les sons les plus aigus (plus de 6 KHz dans
l'aigu du piccolo) ont une longueur inférieure à 6 millimètres .
En raison de la très courte longueur d'onde des
sons les plus aigus produits (de l'ordre de quelques cm) on constate souvent
des phénomènes d'ondes stationnaires dus aux « obstacles » à leur propagation (cases
exiguës du sommier qui supporte les plaquettes, soupapes...) qui peuvent
affaiblir, voire neutraliser totalement, le son produit. Des solutions empiriques
de facture permettent d'éliminer ce phénomène.
L'accord se fait en jouant sur les paramètres
raideur et masse : on augmente la fréquence en diminuant la masse par
enlèvement de matière (limage d'épaisseur) à l'extrémité libre de l'anche (ou
de sa charge rapportée). On diminue la fréquence en diminuant l'épaisseur
(raideur) de l'anche (enlèvement par grattage : (grattoir) prés de sa partie
fixe, flexible (le « ressort »).
Pour écouter le son de l'accordéon, http://www.larousse.fr/encyclopedie/sons/Accord%c3%a9on/1102057
Le musicien ouvre et referme le soufflet central, positionné entre les deux parties droite et gauche de l'instrument, munie chacune d'un clavier : une partie droite, qui reste statique, et une partie gauche, qui s'écarte et se rapproche de la partie droite à chaque va-et-vient du soufflet (on parle de "Tiré" ou de "Poussé" du soufflet). En même temps, l'instrumentiste appuie sur les touches des claviers de l'instrument pour décider des notes à produire. L'air du soufflet passe ainsi dans le mécanisme, et actionne une ou plusieurs anches accordées à la lime et au grattoir. L'anche au repos possède une courbure qui la porte « au vent » : le réglage de cette courbure a pour but de permettre et faciliter l'attaque, à toutes les puissances.
Le musicien ouvre et referme le soufflet central, positionné entre les deux parties droite et gauche de l'instrument, munie chacune d'un clavier : une partie droite, qui reste statique, et une partie gauche, qui s'écarte et se rapproche de la partie droite à chaque va-et-vient du soufflet (on parle de "Tiré" ou de "Poussé" du soufflet). En même temps, l'instrumentiste appuie sur les touches des claviers de l'instrument pour décider des notes à produire. L'air du soufflet passe ainsi dans le mécanisme, et actionne une ou plusieurs anches accordées à la lime et au grattoir. L'anche au repos possède une courbure qui la porte « au vent » : le réglage de cette courbure a pour but de permettre et faciliter l'attaque, à toutes les puissances.
Véritable homme-orchestre à lui tout seul, l'accordéoniste peut
exécuter le rythme aussi bien que la mélodie et l'harmonie, ce qui lui a valu cette place
importante dans les bals populaires français.
Cet instrument aux accords tout faits et à la sonorité « désaccordée
» ne suscita pas l'adhésion de tous d'où, dès les années trente, l'invention
des basses chromatiques (clavier mélodique de main gauche similaire à celui de
la main droite, remplaçant grâce à un convertisseur le clavier traditionnel
basse-accord) et la présence possible de registres permettant de changer la
sonorité de l'instrument en appuyant sur un bouton.
Il existe plusieurs sortes d'accordéons qui se
différencient d'une part par l'organisation des notes sur les claviers et
d'autre part par la manière de produire des notes en actionnant le soufflet.
L'accordéon
chromatique possède les 12 demi-tons de la gamme
chromatique. Une touche enfoncée produira la même note que l'on tire
ou que l'on pousse le soufflet. Certains ont des boutons, d'autres des touches
de piano. Suivant les modèles, la tessiture peut dépasser 4 ou 5 octaves.
Les accordéons diatoniques peuvent jouer des gammes diatoniques. Une touche enfoncée ne produira pas la même note selon que le musicien tire ou pousse le soufflet. On dit qu'il est bi-sonore.
Ces deux descriptions correspondent aux deux familles d'accordéons les plus répandues. De nombreuses variantes ont été réalisées (chromatique bi-sonore, diatonique uni-sonore).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire