Le Dé à Coudre
Petit objet d'apparence bien
anodine, dont le seul but est de protéger le bout du doigt des piqûres
d'aiguilles, le dé vous aide à suivre le fils de l'histoire.
Son usage est connu dans le
monde depuis la nuit des temps. Il est en cuir, en pierre, bois corne, verre,
os, écaille, bronze, porcelaine, argent or, ivoire et bien d'autres matériaux.
Le plus ancien répertorié à ce jour est de l'époque néolithique 15 000 ans
avant JC. Il est en pierre maintenu au creux de la main par une lanière de cuir
Bien lointain encore, celui
en os de la vallée du Nil en Egypte, daté de 5000 ans avant JC. En Chine de 200
avant JC à 200, ils sont en fer. Mais ces pièces sont uniques et l'on ne peut
les admirer que dans les musées.
Avec un peu de patience,
vous en choisirez chez les spécialistes en archéologie. Ils sont byzantins, du
11ème siècle en bronze et leur particularité est d'avoir le sommet ouvert
(étrange pour un dé) (photo 1)
En Espagne, le dé hispano
mauresque en forme de pain de sucre est en bronze, il se situe entre le 1161116
et le 15ème siècle (photo 2)
Dans tous les pays ayant
supporté l'occupation romaine, on retrouve le même type de dé en bronze et en
forme de dôme. On les retrouve jusqu'à la fin du l5eme siècle.
Le 16ème siècle est celui
des grandes découvertes et des grands voyages. Les belles et riches créations
architecturales ainsi que les peintures influencent même ce petit objet qu'est
le dé. Il sera gravé de motifs gothiques, de fleurs de lys ou de devise « Dieu
par dessus tout »,
Déjà Nuremberg se distingue par sa finesse de
fabrication.
Le 17ème siècle est une
période de troubles, de guerres, d'opposition. La mutation des populations
opprimées est source de génie artistique. On utilisera l'argent et la base du
dé est de plus en plus décorée.
Au 18 siècle, l'apogée de
l'art, la perte de la puissance des monarchies, mais l'accroissement des
pouvoirs des élus des gouvernements provoquent une soif de luxe. Même si dans
la première partie de ce siècle les dés restent un objet utile (photo 4 et 5)
la mode des frivolités appelées « objets de vertu et galanteries », se répand
comme un tourbillon (photo 3) Le dé devient alors cadeau, chef d'œuvre de
joaillerie. Métaux et pierres précieuses sont employées. Offrir un dé est une
manière discrète et décente d'honorer la Dame de son Cœur
A cette période apparaissent
les dés combinés, c'est à dire le dé fermant le porte aiguilles, le dé fermant
la petite boite à talc etc....
Le 18ème siècle est
également la grande période de la porcelaine. Peut-être
aurez-vous la chance de découvrir un dé de Meissen, le plus fabuleux, finement
peint de scènes bucoliques. Ce sera également le siècle des dés en verre de
Venise. Malheureusement il en reste peu.
Le 19ème siècle représente
sans nul doute l'âge d'or du dé. L'industrialisation permet l'abondance de
fabrication sans toutefois sacrifier la finesse. On marie plus facilement métaux et
pierres semi-précieuses (photo 12) et on associe différentes couleurs d'or. Si
une certaine tradition subsiste (photo 6 et 7) on ajoute une certaine fantaisie
(photo 8). L'esthétique et l'utile restent (photo 9). On crée un bibelot
décoratif (photo 10). On exploite les matériaux simples (photo 11)
Les pays d'Orient n'échappent pas à cette évolution.
La Chine se remarque par son bois de couleur (photo 15) et les pays Afghans
nous surprennent (photo 13 et 14). Malgré cela, en contraste, la tradition
demeure dans ces régions (photo 16)
Le dé devient commémoratif
II représente un couronnement ou une intronisation. Il marque une inauguration
(photo 17)
Le dé est aussi
publicitaire. On y lit le nom des filatures et des maisons renommées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire