LA ROBE A LA FRANCAISE


La Robe à la Française






 Tout d’abord vêtement d’intérieur à la fin du XVIIème siècle, la robe battante est portée au grand jour dans les années 1660-1670, en particulier par Madame De Montespan qui désirait ainsi masquer ses grossesses.
Robe ample, plissée aux épaules, fermée par une couture ou une série de boutons de la taille à l’ourlet, elle reste jusqu’au décès de Louis XIV un « négligé » que la rigueur de Madame de Maintenon conservera comme tel.
Durant la Régence, elle quitte définitivement la chambre et s’adapte à une vie plus mouvementée. La robe volante doit son nom au large volant qui la caractérise, tombant des épaules jusqu’au sol et formé de façon à se déployer souplement sur la jupe.
 Bien que le corset soit étroitement lacé dessous, cette robe ample donne l’impression d’être confortable et agréable à porter
Les robes Régence sont pour la plupart dues au crayon de Watteau ; ce sont les robes dites volantes et à plis Watteau.

 Plus tard on donnera ce nom à des robes n’ayant de commun avec le modèle imaginé par Watteau que la forme en manteau de Cour 

Les véritables plis Watteau consistent en des fronces partant des épaules pour aller se perdre dans l’ampleur de la jupe avec laquelle ces plis font corps.
La robe volante est flottante, la jupe est si longue qu’on la relève souvent à la main ou avec des épingles.
Les manches sont toujours plissées verticalement ; assez souvent elles continuent à avoir un parement assez haut.
Le corsage appelé corps à baleines est lacé par devant, fait de grosse toile, piqué, baleiné et ajusté.
Le jupon de toile gommée, garni de cerceaux de jonc ou de baleine, appelé criarde, et qui avait, au temps de la Renaissance, la forme d’une cloche ou d’un entonnoir, réapparaît en 1718.
Vers 1720, la robe volante perd de son volume pour devenir la robe à la française. Les deux séries de doubles plis ronds sont maintenus à partir de l’encolure et continuent à donner de l’ampleur à la jupe de la robe, terminée en traîne.
Le corsage ajusté  s’attache de chaque côté de la pièce d’estomac, triangle d’étoffe souvent garni de soie façonnée ou de dentelles  qui masque le corps



A partir des années 1755-1760, on lui substituera deux petits devants fixés des deux côtés du corsage, dits compères.

Le vêtement de dessus –manteau ou robe- s’ouvre largement sur le jupon plus ou moins orné. Un parement plat, bouillonné ou décoré de passementerie, borde tout le devant, tournant autour de l’encolure et descendant jusqu’au bas de l’ourlet.

La manche plate en pagode emboîte le coude et est terminée par un ou plusieurs volants découpés d’où sort l’engageante ou manchette, volants de dentelle à deux ou trois rangs de hauteur décroissante.

Ce type de robe est adopté par toutes les femmes, matière et richesse du tissu variant seules : soies façonnées ou unies, toiles peintes ou toiles de coton imprimées, de plus en plus à la mode.




Portée à Lyon en 1755 par la princesse de Piémont, sœur de Louis XVI, à l’occasion de son mariage, la robe à la piémontaise est une variante de la robe à la française : les plis du dos sont rattachés à la robe seulement à l’encolure et à partir de la taille. 


La dentelle, confectionnée à la main grâce aux techniques artisanales les plus délicates, joue un rôle important dans l’ornementation des garde-robes masculines et féminines. 


La dentelle à l’aiguille, basée sur des techniques de broderie, et la dentelle aux fuseaux, issue des techniques de tressage, se développent toutes deux en Europe vers la fin du XVIème siècle.
La confection de dentelle prospère dans certaines régions d’Italie, de France et de Belgique. Ces différents types de dentelle doivent leur nom à la région de fabrication.


Les quilles qui s’étendent de l’encolure jusqu’au bas de l’ouverture de la robe, les rabats de la coiffe et les engageantes des manches sont en dentelle et confèrent à la robe un style encore plus luxueux.

La dentelle étant l’ornementation la plus onéreuse, le type de dentelle utilisé pour les engageantes peut varier d’un simple ouvrage de coton à fils tirés peu coûteux à plusieurs couches de dentelle de qualité supérieure.

Le tablier en dentelle décoratif est l’une des pièces les plus prisées des garde-robes féminines au XVIIIème siècle.

A l’époque Louis XV cette robe se modifie : les fronces deviennent des plis réguliers, plats et profonds qui partent des omoplates en formant comme sous la Régence un faux manteau de cour. Les plis vont se perdre dans la jupe.


Les manches de la robe française à plis Watteau présentent successivement les caractères suivants :
En 1725 la manche est encore plissée en long, tandis que le parement est plissé en large.
A partir de 1730 les manches de l’arrière bras sont unies et justes et les parements moins larges qu’en 1725, formant trois plis horizontaux qui partent de la saignée du bras. Les parements sont en général attachés par des agrafes ou des boutons. 










Les plis Watteau du dos sont tantôt retenus sur l’épaule par une patte à boutons ou au contraire s’arrêtent aux épaules et le devant de la robe est sans plis.

Souvent les plis du devant de la robe ne sont que le prolongement des plis du dos.


Tantôt cette robe est fermée par devant, tantôt la robe de dessus s’ouvre sur la robe de dessous


Née sous la Régence, cette robe, après s’être transformée durant la première partie du règne de Louis XV, subit de nouvelles modifications à la fin du règne.
















La figure ci-dessous représente le corsage vu de côté de la doublure ; cette figure permet de se rendre compte comment le corsage collait au corps à baleines tout en restant vague dans le dos. Une pièce de toile fendue était cousue aux deux premiers plis Watteau, formant un faux dos de corsage.
Les œillets de cette pièce permettaient de lacer et de tendre les côtés du corsage sur le corps à baleines après avoir boutonné les compères ; les plis du dos étaient laissés vagues et partaient du biais horizontal entre les épaules.


 



Les compères étaient des petits devants de corsage qu’on boutonnait ou laçait et qui formaient une sorte de faux gilet cousu dans l’échancrure de la robe, sous les devants. Les boutons étaient souvent des pierreries ou des perles. Les devants du corps de robe s’ouvrant en cœur sur le « corps à baleines » découvraient la pièce d’estomac garnie de broderies, de nœuds de rubans ou de compères.

Dans le patron la verticale est le sens du fil, les lignes pointillées verticales du devant indiquent les plis partant de la couture d’épaule et allant en mourant de la ceinture jusqu’en bas ; les pointillés horizontaux indiquent la pince en biais allant jusqu’à la hanche et faisant écarter les devants de la robe sur le panier en découvrant le devant à falbalas de la jupe.  


Avec son ouverture frontale en V, la robe à la française se porte avec une pièce d’estomac, sorte de plastron triangulaire en forme de V ou de U qui recouvre le devant du corsage.


Pour dissimuler la partie trop profonde du décolleté, la pièce d’estomac est recouverte de décorations extravagantes, de broderies, de dentelle, de nœuds de ruban habilement disposés qu’on appelle « échelles », et parfois de bijoux.






 Comme il faut chaque fois épingler la pièce d’estomac à la robe, les femmes mettent beaucoup de temps à s’habiller..

Vers la rue...

Le casaquin est souvent le manteau d'une robe à la Française coupé aux hanches ou aux genoux. Les plis peuvent être pris dans le cordon du tablier mais parfois celui-ci est passé par le trou des poches et laisse libre l'ampleur des plis.


Même si les servantes parisiennes ont opté pour les paniers dès 1730, la majeure partie des femmes travaillant portent ces ensembles sans panier ni corps à baleines.





Ce dernier est alors remplacé par un blanc-corset souple. Un détail de coquetterie emprunté à la mode des Élégants trouve pourtant sa place : les parements de manche varient selon l'air du temps.De parement en simple raquettes, ils prennent par la suite la forme d'engageantes froncées puis de sabots à bouillonnés.

 











Si les ressemblances entre le costume populaire et celui du monde des Elégants peuvent être le fruit d'une imitation, elles sont surtout le résultat de la revente par les fripiers de vêtements de maîtres qui font ainsi une seconde carrière avec quelques aménagements dans la garde-robe succincte du petit peuple.










BIBLIOGRAPHIE
Textes et Images
La Soie en Occident – Editions Flammarion Jacques Anquetil
Histoire du Costume en Occident – Editions Flammarion François Boucher
La France au Temps des Libertins – Editions du Chêne Jacqueline Queneau et Jean-Yves Patte
Le Costume Louis XIV – Louis XV – Editions Flammarion La Grammaire des Styles
Le Costume Civil en France du XIII au XIXème siècle Editions Flammarion
Camille Piton
Fashion – Une Histoire de la mode du XVIII au XXème siècle Les Collections du Kyoto Costume Institute Editions Taschen
Dictionnaire du Costume – Editions Grund Maurice Leloir
Souverains et Rois de France – Editions du Chêne Gauvard, Cornette et Fureix
Encyclopédie Encarta
Encyclopédie Diderot D’Alembert – Art de l’Habillement Bibliothèque de l’Image
Dictionnaire Larousse
L’Epoque et son Style – La Décoration Intérieure 162O.192O Editions Flammarion Peter Thornton
Site – Marquise de/en/1700/howto/Frauen/contouche2.5htlm
Site – http://www2.ac-toulouse.fr/…/castres/lauv05.htm



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