R comme REBOUTEUX
On désignait de ce nom, sans qu’il y ait
toujours entre eux de frontière bien
précise, des hommes et des femmes dotés
de dons particuliers touchant souvent à la magie.
Quant les prières aux Saints et offrandes
diverses ne soulageaient pas les gens de leurs maux, ils avaient recours à des
individus supposés jouir de pouvoirs surnaturels.
Les Rebouteux ont une connaissance
du corps humain et animal leur permettant de soulager véritablement les
fractures, foulures et entorses. C’était parfois aussi des femmes.
Ils avaient
aussi des dons de guérisseur et rien n’est plus frappant que le sérieux avec
lequel ils officient. Leur savoir passait de père et en fils.
« LE GRAND JOSSO »
« … Un cultivateur vient le trouver pour
un effort de reins, attrapé en portant des sacs de blé. Le grand Josso le fit s’asseoir à
califourchon sur une chaise et mettant son genou sur la colonne vertébrale du plaignant,
puis le saisissant fortement avec les mains entrecroisées sur la poitrine, il
le tordit en arrière réduisant le lumbago par un effort en sens opposé…. »
Ch. Géniaux
« … Un client vient boire un verre
dans le débit de Josso, le buveur se plaint de son bras « il est gourd et
ne fonctionne pas. Je suis tombé de mon grenier à foin ».
Josso fait monter le client dans sa chambre et
avec l’aide de trois hommes vigoureux, reboute le bras disloqué. Deux hommes
empoignent le bras du patient et tirent de toutes leurs forces, l’autre aide
entoure le corps du patient avec un torchon dont il tient les extrémités et
tire solidement en ses contraire. Pendant ce temps, le grand Josso pose ses
puissantes paumes sur l’épaule et fait rentrer de force ou de bon gré, ce bras
égaré dans la place légitime qui lui est assignée par la nature. » Ch.
Géniaux
« ….
Le rebouteux de Saint Gourlay, un
beau garçon à loyale figure l’emporte sur les autres pour deux
spécialités ; guérir les innocents et les déments, soigner le cœur.
Le triomphe du rebouteux de Saint Gourlay,
c’est le reboutage du cœur.
Vous ne
vous imaginez guère qu’on puisse rebouter le cœur comme un vulgaire os. Voilà
qui vous trompe parce que vous ignorez l’anatomie des champs. Le cœur est monté sur un brochet, sorte de petit
muscle en forme d’hameçon, d’où le mot « accroche-cœur », donné aux
mèches de cheveux en virgule. Par conséquence, si à la suite d’une émotion
violente ou d’une chute, le cœur est décroché, il s’agit de remettre le brochet
au suspensoir, afin que le gros viscère puisse battre dans la poitrine. Car
enfin s’il balance comme un battant d’horloge, c’est qu’il est suspendu ».
Ch.
Géniaux
« …
Une couturière lui amena sa fille tombée malheureusement, la cuisse était
brisée. La Tabar pris un vieil almanach et posa à même la peau cet appareil
simplifié et malpropre… elle ficela solidement la jambe, serra le genou et la
cuisse avec des ganses, comme celles qu’on met au bas de jupes afin m’expliqua
t’elle d’empêcher le sang de balloter. Ceci terminé, elle pria la mère de
l’enfant de dénouer une fois chaque jour l’appareil et d’enduire la peau avec
du beurre cru en frottant légèrement de bas en haut ». Ch. Géniaux
Les Sorcières étaient les
« GWRAC’H » (vieilles femmes), installées à l’écart, généralement
près de quelque source, vivant de charité publique, se nourrissant selon la
légende de crapauds, serpents et corbeaux. Ne se déplaçant qu’à la nuit tombée
munies d’un bissac et d’un bâton d’épines durci au feu, elles avaient le pouvoir
de « tirer la planète » (lire l’avenir).
Jeteuses de sorts, elles pouvaient déclencher
la malédiction sur une maison, attirant la maladie sur les gens ou le bétail.
Elles
inventaient des mélanges maudits, faits de terre de cimetière, de cire vierge, de
sel, de rognures d’ongles qu’elles glissaient subrepticement avec une grosse
araignée vivante dans le fonds de la poche de la personne à qui l’on voulait du
mal.
Ces sorcières étaient des agents locaux de Dieu
et du Diable, responsables des intempéries, des maladies, de la malchance.
« …. Tandis qu’elle causait,
j’examinais attentivement la sorcière. Elle me parut une femme robuste de
soixante années. Ses trait, son front ridé, pouvaient être d’une centenaire,
cependant que ses mains charnues et solides démentaient la vieillesse précoce
de son visage.
Mais je n’oublierai jamais les yeux de cette
curieuse jeteuse de sort ; ils sont blancs, gros, hagards. J’ai écrit
blancs, je devrais dire laiteux, brouillés. J’aurais conclu à la cécité de
Naïa ; mais par un phénomène inexplicable, ce brouillard qui masque ses
pupilles ne l’empêchait nullement d’apercevoir fort loin les moindres détails
d’une scène, ainsi qu’elle me le prouva. Ses cheveux encore noirs débordaient
sur ses épaules. Son costume à l’allure romantique se composait d’un énorme
châle très propre et d’une robe de laine grossière.
Comme en somme cette sorcière devait coucher
dans les pierres ou la paille, j’augurais mal de sa tenue, et je me trouvais au
contraire devant une dame de mise sévère et correcte …. »
Les Décompteuses, moins redoutables, s’emble
t’il, se recrutaient parmi ceux que le
sort avait selon la croyance populaire, déjà marqués de son seau ; enfants
nés « les pieds en avant », septième enfant d’une famille, (le chiffre
7 étant magique chez les Celtes). Elles guérissaient les maladies en imposant
les mains, en prononçant des formules magiques, faisant disparaître, dartres,
furoncles et verrues par des incantations telle celle-ci « La verrue a
sept filles, de sept elles viennent à six ….. »
Sources – textes et images ; « Bretagne insolite au début du siècle » de Marie-France MOTROT Editions « L’Ancre de Marine ».
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