#ChallengeAZ - C - Casque d'Or, la Muse des Apaches


Casque d’Or, la Muse des Apaches



Amélie naît le 14 mars 1878 à Orléans (Loiret), dans une famille modeste. 



Son père Gustave Jean est ferblantier et sa mère Marie Louise, née DELACOURTIE, s’occupe du foyer.



Elle découvre le Paris haussmannien alors qu’elle est encore toute gosse.
Très vite, Amélie, qui se retrouve à la rue suite au décès de sa mère, s’affranchit. À l’âge de 13 ans, elle se met en ménage avec un mauvais garçon à peine plus âgé qu’elle et fuit la maison familiale.
On la retrouve traînant dans quelques louches gargotes, dans les « mouises » (les soupes à l’oignon) aux Halles, dans les « guinches » de la rue de Lappe ou de La Courtille où gambillent couples d’alphonses, rôdeurs et gigolettes. 



Elle abandonne son petit ami, le Matelot, et lui préfère la compagnie plus réconfortante d'une prostituée, qui se fait appeler « Hélène de Courtille ». Celle-ci l'accueille chez elle et la lance sur le trottoir. La petite et la femme deviennent amies et amantes. Amélie s'adapte au Paris de la nuit et au monde des voyous au service des souteneurs que la presse, comparant la Zone au Far West, appellera les Apaches

Précoce !  Une précocité qui fera d’elle très vite, à Paris, une prostituée.

La prostitution, à laquelle elle attribue un rôle quasi humanitaire, occupe ses jours et surtout ses nuits.
C'est dans un bistrot nommé "La Pomme au lard" qu'elle rencontre son futur compagnon, Bouchon. Lassée de l'attachement d'Hélène et de sa jalousie, Amélie se laisse tomber dans ses bras, ou plutôt sur son coin de trottoir. Dans ses Mémoires, on découvre une « table de commandements » où elle fait l'éloge de la prostituée parisienne. Elle « fournit du rêve aux hommes » et « soulage les épouses ». Elle recueille « les jeunes commis tirant la langue et les dorlote dans ses bras » et joue ainsi un rôle économique en constituant « un mode de circulation de la richesse publique ». 



Bouchon fixe des objectifs pécuniaires à sa « gagneuse ». Il devient de plus en plus exigeant et de plus en plus violent. Un soir, alors qu'elle a dix-neuf ans, elle est battue à coups de poing par Bouchon et un acolyte. Il lui reproche de prendre du temps pour elle-même. 

 

Hagarde, elle erre pendant trois jours et s'enfuit de Charonne. Son parcours la conduit à la contrescarpe de La Bastille, où elle rencontre Joseph Pleigneur, dit « Manda », né le 19 avril 1876 à Paris 20e (fils de Louis Philippe Pleigneur et Jeanne Hagen), surnommé « l'Homme », un chef de bande de vingt-deux ans. 


Amélie ne souhaite pas changer d'activité. Manda vit essentiellement de ses compétences manuelles, réalisant pour ses amis les outils nécessaires à la profession de cambrioleur. 
 
La gigolette s’installe en 1898 avec Manda, dit l’Homme, chef de la bande des Orteaux, Apaches de Belleville. Il la prend sous sa « protection »… et la remet sur le trottoir. 
 
En apparence, c'est un homme agréable à vivre, mais il s'absente pour ses affaires, ou d'autres amours, ce que sa régulière, jalouse, supporte moins bien. Quand elle est délaissée, au lieu de l'attendre à la maison, Amélie Élie retrouve la rue et y oublie sa solitude.
 

L’homme n’est pas foncièrement mauvais, mais, comme beaucoup de  « gouges » ou de « marmites », la belle de Pleigneur a de sacrées exigences, et il lui faut assurer s’il veut la garder.

Alors Manda se retrouve vite sur la mauvaise pente !
 

En décembre 1901, lassée de ses absences et de ses infidélités – même si elle-même a de nombreuses aventures, notamment avec le fameux Dodo la Saumure – elle le quitte. Elle rencontre alors par hasard Leca, le Corse. Elle choisit sciemment d’en faire son amant, car il est le chef d’un gang rival, les Popincs (de Popincourt).

 
Les deux hommes, rivaux en amour, comme en affaires, ne tardent pas à se défier.
Le 9 janvier 1902 rue des Haies, près des rues de Bagnolet des Pyrénées, les deux bandes s’affrontent. Leca est touché assez sérieusement. Quant à Manda, il a filé à l’anglaise.

 



A sa sortie de l’Hôpital Tenon, Leca tombe à nouveau dans une embuscade où il reçoit « trois coups de surin ». La police enquête, mais Leca ne dit rien – c’est la loi du milieu. 

S’en suit une véritable guerre, qui ensanglante les rues de Belleville. La presse s’empare de l’affaire. Leca passe pour la victime.

Arthur Dupin écrit à la une du « Petit Journal » ; « Ce sont là des mœurs d’Apaches, du Far West, indignes de notre civilisation. Pendant une demi-heure, en plein Paris, en plein après-midi, deux bandes rivales se sont battues pour une fille des fortifs, une blonde au haut chignon, coiffée à la chien ».

Amélie ÉLIE, surnommée « Casque d’Or », devient une vedette de la Belle Époque. Et aussi l’héroïne de chansons et de pièces de théâtre !

Alors que la police traque Manda, c’est le théâtre qui courtise Casque d’or. Aux Bouffes du Nord, elle s’apprête à monter sur scène pour interpréter sa propre vie.




Mais,  Manda est enfin serré par police. Il accuse Casque d’or d’avoir trempé dans plusieurs sordides affaires de vol. À peine incarcéré à la prison de Saint-Lazare, Manda revient sur ses déclarations : « Oui, nous nous sommes battus, le Corse et moi, mais c’est parce que nous aimons la même femme. Parce que nous l’avons dans la peau ! » 
Amélie est à nouveau libre. Mais le préfet de police Louis Lépine fait interdire la pièce à la gloire de celle que Paris appelle désormais « Mademoiselle Nature ».

Une nouvelle rixe implique Leca et Manda. S’ensuit en juin 1902, un procès où le Tout-Paris, avide de voir de près la sulfureuse Casque d'or, se presse. Manda est condamné aux travaux forcés à perpétuité, direction le bagne de Cayenne. Verdict plus clément pour Leca qui écope seulement de huit ans de travaux forcés, après avoir épousé la Panthère, sa régulière.
Leca, tout comme Manda finit au bagne, où tous deux mourront.


Léca Manda
Joseph Pleigneur

















Casque d’or a 24 ans et se range des voitures.
Elle s’exhibe dans des foires et fêtes foraines, travaille pour la ménagerie Mark.
Casque d'Or se marie dans le 20e arrondissement de Paris, le 27 janvier 1917 avec André Nardin, un ébéniste (ou cordonnier selon les sources) de  quinze ans son cadet, et dont elle élève les quatre neveux.
Le 16 avril 1933, à 55 ans, malade de la tuberculose, elle s’éteint dans un total anonymat. Elle est inhumée au cimetière Pasteur à Bagnolet.

 

Pour aller plus loin :
Au cours de ses recherches, Madeleine Leveau-Fernandez a retrouvé le journal d'Amélie Élie, publié par la presse de l'époque, des rapports de police et bien d'autres documents. Ils lui ont inspiré ce roman où, dans une langue savoureuse, elle fait revivre ce fait-divers et la vie de sa célèbre héroïne, loin du personnage de légende immortalisé au cinéma par Simone Signoret.

 

 

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Calmann-Lévy
Date de parution : mai 1999
ISBN : 978-2-7021-2993-7 
 

Cinéma

Son histoire a inspiré le film Casque d'or de Jacques Becker, qui devait confirmer le talent de l'actrice Simone Signoret en 1952. 
 



EXTRAIT VIDEO casque d’or sur INA.FR  https://www.ina.fr/recherche/search?search=casque+d%27or

La généalogie d’Amélie ÉLIE (1878-1933), dite Casque d’Or, est disponible sur GeneaNet.

Hommages

Un jardin parisien, le jardin Casque-d'Or, créé en 1972 dans le 20e arrondissement, lui rend hommage.

L'émission radiophonique L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL du 29 décembre 2015 lui a été consacrée : « La véritable histoire de Casque d’Or ».

Bandes dessinées






Sources
Wikipédia
Gallica
Secrets d’histoire n° 20.










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